On s'arrete tout a coup de lire.
Sans pour autant lever les yeux.
Ils restent sur le livre et remontent les lignes, reprenant une phrase, un paragraphe, une page.
Ces mots, ces simples mots, ne nous evoquent-ils pas notre enfance, un livre, une querelle, des vacances, un voyage, la mort, des plaisirs soudain revenus sur nos levres ou courant sur la peau.
Decidement la memoire n'en fait qu'a sa tete.
Imprevisible et capricieuse, elle aime bien declencher sur moi des ricochets semblables a ceux obtenus par ces petites pierres plates que je faisais rebondir sur la surface etale des etangs et des rivieres de mes jeunes annees.
C'est sans doute pourquoi elle interrompt aussi mes lectures pour des bagatelles, des sottises, des frivolites, des riens qui sont de nos vies des signes de ponctuation et d'adieu.